Une version courte de ce texte est publié dans Ural MANÇO (éd.), Voix et voies musulmanes de Belgique, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles, 2000, pp. 165-188.
Résumé : A l’aide d’une méthodologie quantitative (analyse factorielle effectuée sur les données d’une enquête réalisée sur un échantillon représentatif de la population adulte masculine de nationalité marocaine et turque installée en Belgique), le texte expose l’élaboration d’une échelle de religiosité (un score métrique standardisé de religiosité musulmane). Celle-ci est confrontée aux résultats de l’enquête concernant l’insertion socioéconomique et l’intégration culturelle de l’échantillon dans la société belge. L’analyse des données ne permet pas la mise en évidence de déterminants socioéconomiques de la religiosité des immigrés musulmans. Particulièrement, l’apparition d’identités islamiques militantes n’est, semble-t-il, pas liée à l’état de discrimination sociale et d’exclusion économique des sujets. A l’inverse, le degré de religiosité des immigrés musulmans ne joue aucun rôle dans l’explication de leur situation sociale et économique. Il existe par contre des liens significatifs entre la religiosité des sujets et leur adhésion à certaines représentations sociales (concernant le statut de la femme ou la vie professionnelle) ainsi que l’adoption de certaines pratiques culturelles (ex. matrimoniales). En conclusion de l’analyse, il apparaît que les choix valoriels et identitaires des musulmans de Belgique sont plus consensuels et pragmatiques que leurs appartenances et pratiques confessionnelles proprement dites. Il convient ainsi de désubstantifier l’islam et d’éviter les approches essentialistes ou déterministes de l’appartenance islamique dans l’étude du devenir identitaire et socioéconomique des populations musulmanes issues de l’immigration.